Quand on a une perception irrationnelle des choses, la précision est un concept qui ne fait pas beaucoup sens, auquel on attache peu d’importance. Par conséquent, les limites sont bien réelles, mais floues. Au Cameroun, l’ambiguïté règne dans une multitudes de petits détails de la vie quotidienne d’où personne ne cherche à la chasser. Certains de ces détails se voient parfois et peuvent poser problème. Voici un exemple pour éclairer ce propos : un carrefour de la ville de Yaoundé, où se trouve en particulier la société Cami Toyota.
Par sa forme, ce carrefour ressemble à un rond-point où se rejoignent 3 rues : celle qui vient du carrefour Corron, celle qui vient des Brasseries du Cameroun et celle qui vient, disons, de l’avenue Charles Atangana.
Et d’une certaine façon, il y a de la logique dans ce genre de comportement. Quand on va des brasseries au carrefour Corron, on passe ce rond point tout droit, comme si ce n’en était pas un. Quand on fait le trajet inverse, pourquoi agirait-on différemment ? Pourquoi s’embêterait-on à faire le tour ? Le passage est droit dans les deux sens, non ?
C’est tout le problème d’un rond-point sur lequel l’irrationnel a régné dès sa conception. La précision a manqué et on a laissé l’ambiguïté s’installer, conduisant ainsi un certain nombres de véhicules à circuler ici à contre sens, avec tous les dangers que cela implique, bien sûr. Et bien entendu cela ne choque personne, car cette situation aussi illogique qu’elle puisse paraitre, est tout à fait cohérente avec la culture locale : perception irrationnelle des choses, limites floues, ambiguïtés, puis priorité des habitudes sur la loi. On notera d’ailleurs que dans la configuration du lieu, un carrefour à sens giratoire aurait été beaucoup plus approprié : avec ses panneaux et son marquage au sol plus élaboré, il aurait comporté nettement moins d'ambiguïté. L'appréhension irrationnelle de ce carrefour n’est pas donc le seul fait des automobilistes. Dès la conception du rond point cet aspect a dominé les décisions qui ont été prises et les actes qui ont été posés. Ce comportement a donc bien une portée collective qui le fait entrer dans le champ culturel. Et dans le contexte culturel du Cameroun, tout ceci est parfaitement cohérent.